The_Father affiche

Une critique à lire et à écouter : chaque mercredi, dans La Matinale de Radio RCF, en partenariat avec SIGNIS. Avec notamment ce film à l’affiche ! Critique par Valérie de Marnhac de Signis.

 

Aujourd’hui c’est la sortie en salle en France du film The Father de Florian Zeller, notre petit prodige français qui vient de recevoir deux Oscars à Hollywood ! Qui plus est pour un premier film ! C’est du jamais vu depuis Claude Lelouch en 1967, pour Un Homme et une femme. C’est l’adaptation cinématographique de la pièce Le père de Florian Zeller. Il avait reçu six Molière pour sa création française, suivis de dizaines d’autres récompenses à travers le monde entier. Et qui fait partie d’une trilogie sur les planches, avec deux autres textes : La Mère et Le Fils. 

 


Mais The Father, c’est l’histoire d’Anne et Anthony, une fille dont le père est atteint d’un début de démence sénile. Thème qui intéresse de plus en plus le cinéma, puisque c’est aussi le sujet du film Falling dont on a parlé la semaine dernière. Sauf qu’ici, la situation est vue du côté du père, et que la mise en scène de Florian Zeller nous retourne totalement

 

Le film se passe en huis clos, dans un appartement qu’on pense être au départ celui d’Anthony. Puis par un jeu sur les décors, sur les lumières, sur le montage, on glisse imperceptiblement avec lui dans le labyrinthe de son cerveau désorienté. C’est une expérience très troublante qui nous fait progressivement lâcher-prise avec toute réalité physique, pour vivre de l’intérieur cette forme de vulnérabilité. Le film flirte au début avec le thriller. Et puis il nous embarque dans un flot d’émotions et de sensations qui renouvelle en profondeur notre regard sur la vieillesse.

 

Le père est joué par Anthony Hopkins qui a reçu l’oscar de meilleur acteur pour ce rôle. Il est incroyable ! Il est à la fois odieux quand il devient irascible, injurieux, violent, et en même temps il est désarmant de fragilité quand on le sent angoissé et perdu. 

 

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À ses côtés, Anne est jouée par Olivia Coleman. C’est une immense actrice britannique. C’est elle qui joue la reine Elisabeth dans la série The Crown. Et ici, elle nous chavire le cœur, en fille aimante et blessée.

 

Avec cette adaptation de sa pièce de théâtre, Florian Zeller brouille encore plus les frontières entre le réel et l’imaginaire, en gardant le format du huis-clos mais sans tomber dans l’écueil de la captation filmée. Il cite comme influence picturale, pour symboliser le sentiment d’enfermement, le grand peintre danois Vilhelm Hammershoi, dont vous aviez peut-être découvert la rétrospective en 2019 au musée Jaquemart-André.

 

Florian Zeller parlait de la dimension « cathartique » de sa pièce. Il témoignait du besoin du public d’échanger après les représentations. Pour lui, chacun a été ou sera concerné par l’accompagnement d’un proche dans le grand âge. Et pour lui, « l’art sert à cela, à nous rappeler que nous sommes tous liés les uns aux autres, et que nous faisons partie de The_Father affichequelque chose de plus large que nous même ».

 

Valérie de Marnhac

Source et images : Signis